Une journée dans la vie d’un télétravailleur de 2030

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Nous sommes le 7 avril 2030, l’an dix après-Covid (AC). Mes journées de travail commencent toutes avec le même rituel. Un bol de chicorée locale ou une tasse de café de mon producteur préféré, devenu un ami via Farmer Connect. Puis des salutations en ligne avec mes collègues. Du moins, ceux qui sont sur mon créneau horaire, car les collaborateurs de Pulpee sont répartis sur tous les continents.
Depuis bien longtemps déjà, le travail n’est plus un lieu où l’on va, mais une activité que l’on exerce. Deux milliards de personnes dans le monde sont désormais des télétravailleurs permanents, et je ne parle pas des occasionnels. Ce matin cependant, je me rends au bureau pour brainstormer avec mes collègues. Depuis que j’ai emménagé à la campagne, même les hubs de bureaux sont trop loin pour faire tout le trajet en vélo. A l’approche de la ville, je saute dans un robotaxi. C’est de l’un d’eux que je vous parle.
Raison d’être
Chez Pulpee, nous développons des solutions agricoles pour produire de plus en plus de fruits et légumes localement : ainsi, les consommateurs peuvent bénéficiers de circuits courts tout en ne se privant pas du choix alimentaire auquel ils étaient habitués. Nos équipes en Afrique ont par exemple trouvé une variété de pommiers capable de s’adapter aux régions sèches : le Sénégal s’est entiché des tartes tatins ! En Europe, nous avons remporté de premiers succès avec des papayers pas trop frileux.
Autant dire que j’adore mon job : la raison d’être de Pulpee répond parfaitement à la quête de sens de ma génération. Les entreprises ont parcouru un beau chemin depuis la pandémie. Exit le green washing, bienvenue aux B-corps et autres entreprises à mission. L’éthique n’est plus accessoire, elle est centrale. L’engagement des collaborateurs n’a jamais été aussi fort.
Imagination collective
Aujourd’hui, nous nous retrouvons autour d’un cas difficile : produire des bananes sous nos latitudes. Mon rôle est de coordonner nos chercheurs des tropiques et nos chercheurs des pays tempérés pour trouver une solution en croisant les savoirs. L’holo-salle que j’ai réservée nous permettra d’échanger comme si nous étions tous à quelques mètres les uns des autres. Après un échec dont nous avons tiré les leçons, nous reprenons le processus du début, dès l’étape d’idéation. L’imagination collective, c’est un peu notre gymnastique : plus on la pratique, plus elle fait des étincelles !
Une autre mutation a eu lieu ces dernières années : le travail n’est plus une durée hebdomadaire, mais un résultat attendu. Cette évolution a mis plus de temps que le télétravail à se mettre en place. Grâce à l’action combinée des travailleurs de la connaissance et d’influenceurs-penseurs, nous y sommes enfin. Abrogé, le temps de travail ! Chacun façonne sa vie professionnelle comme il l’entend : travail au résultat, travail à la demande, à plein régime ou en temps partagé… La motivation naît de la liberté de choix. Mon équipe – un patchwork de talents – est dans les starting-blocks !
Chaleur humaine
Le bonheur au travail ne serait pas total si nous n’avions des moments d’interactions in real life avec nos collègues. Deux fois par an, nous nous retrouvons dans un pays différent. Pas plus, car l’empreinte carbone serait effroyable, même en faisant voyager tout le monde en avion solaire. Le but : resserrer les liens entre des collègues disséminés aux quatre coins du globe. Rien de tel que le « faire ensemble » pour cimenter l’esprit de groupe.
Pas d’ordre du jour, sinon se faire plaisir. Moi, je cuisine avec un mix de collègues connus et inconnus. D’autres font du sport, des jeux, des plans sur la comète. Tous papotent à n’en plus finir (merci DeepL live). Un grand potlach de connaissances et compétences a lieu : chacun a quelque chose à apprendre aux autres, à apprendre des autres. Le jour où l’entreprise a remplacé « valeur ajoutée » par « chaleur ajoutée », le monde du travail est entré dans une nouvelle dimension.
Je pourrais vous parler des heures de ces rencontres qui rechargent nos batteries émotionnelles, mais mon robotaxi est presque arrivé à destination. Au retour, j’emprunterai l’une de ces taxi-bulles qui parcourent la Seine à une vitesse folle. J’adore traverser Paris à la lumière du soir, après une journée d’échanges à bâtons rompus. Ça vous dirait de m’accompagner ? Je vous raconterai où nous en sommes avec les bananiers, puis à votre tour vous me décrirez votre journée de télétravail. A très vite !