Déconnexion : pourquoi notre cerveau a besoin de silence pour bien fonctionner ?

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Entre les notifications permanentes sur nos téléphones, le bruit assourdissant de nos villes ou les conversations de nos voisins de bureau, rares sont les moments de déconnexion dans nos existences modernes. Le silence est pourtant essentiel à notre bien-être et à notre santé mentale.
Le bruit affecte l’activité de notre cerveau
Selon l’Agence européenne de l’environnement, les nuisances sonores seraient à l’origine de 10.000 décès prématurés par an. Une étude allemande a par ailleurs mis en évidence des défauts de concentration et de mémorisation chez des enfants scolarisés à proximité d’un aéroport. Même constat au bureau. Un salarié serait interrompu en moyenne toutes les 11 minutes. Il lui faudrait 25 minutes pour se concentrer à nouveau. C’est le résultat des recherches menées par Gloria Mark, de l’Université de Californie, qui a étudié ce qui se passe dans les Open space. Une accumulation d’interruptions et de sollicitations propice au stress et au surmenage.
Le neuroscientifique Michel Le Van Quyen, directeur de recherche en neurosciences à L’Inserm et auteur de Cerveau et silence (Flammarion, 2019) explique que l’exposition permanente au bruit affecte l’activité de notre cerveau. Confronté à un bombardement d’informations, le cerveau a l’impression de faire trop de choses à la fois. Il se retrouve débordé. C’est ce qu’on appelle la surcharge cognitive.
Le silence comme moteur de la régénération du cerveau
Marcus Raichle, professeur en neurologie à l’université Washington de Saint Louis a démontré que, même au repos, notre cerveau reste actif. Quand une personne ne fait rien, de grandes vagues d’énergie le parcourent. En veille, notre cerveau se met sur un mode “par défaut”. C’est dans cette phase de repos que notre cerveau se régénère, en se servant de ces périodes d’inactivité pour se débarrasser des toxines qu’il engendre. En 2013, une étude sur des souris a ainsi montré le développement de nouvelles cellules dans la région de l’hippocampe à la suite d’une exposition de deux heures de silence par jour. Enfin, mettre son cerveau en veille est également bon pour le fonctionnement de notre organisme. Ces périodes de pause auraient des effets positifs sur notre système cardio-vasculaire, immunitaire, notre créativité, notre mémorisation ou encore la dépression.
Le silence sous toutes ses formes
Cerveau et silence, le livre de Michel Le Van Quyen résulte d’une expérience vécue par le chercheur. Un matin de 2017, il se réveille avec une brusque paralysie du visage. Contraint au silence et au repos absolu, il découvre que ce temps lui permet d’expulser le stress et le conduit vers la guérison. Dans son livre, il distingue plusieurs facettes du silence bénéfique pour le corps. Le silence acoustique, où l’on s’abstrait des nuisances sonores. Le silence attentionnel, qui permet de laisser flotter son attention et de lâcher prise pour s’abandonner à la rêverie. Le silence corporel, qui revient à s’autoriser à ne rien faire.
Déconnecter en faisant respirer ses neurones
Que faire, dès lors, pour laisser respirer ses neurones. Si partir en vacances et déconnecter de nos sources de distraction se révèle évidemment bénéfique, s’accorder des temps de pause dans la journée peut suffire. Selon Michel Le Van Quyen, respirer quelques minutes, intégrer ces moments d’arrêt total dans nos vies quotidiennes est la clef. Ou, à l’instar des Japonais, adeptes du Shinrin-Yoku (bains de forêt), se ressourcer régulièrement au contact de la nature. Sans autre bruit que celui, apaisant, du vent ou des feuilles, produit de puissants effets sur notre bien-être. Une expérience de nature à augmenter la confiance en soi, si l’on en croit les chercheurs de l’Université de Stanford.